jeudi 6 juillet 2017

La danse sorcière



La danse sorcière



Karine Henry



Un livre du corps et du mouvement

 

  


Après l’Opéra de Paris et plusieurs années à Düsseldorf avec Pina Bausch, Else est revenue en France où elle fait partie de la compagnie des Kachinas, célèbre pour ses fascinantes improvisations chamaniques. Depuis plus de trente ans, Else n’a jamais cessé d’exercer son art car la pratique de la danse comme unique thérapie l’a véritablement sauvée d’une pathologie sévère – une catatonie consécutive à un traumatisme de l’enfance. Danser, puiser en soi la maîtrise du déploiement puis laisser advenir la beauté, le sens et l’harmonie : c’est à l’abri de cette discipline que cette femme a reconstruit sa vie… jusqu’au matin où l’entrave se manifeste. Face à sa salle-verrière, ce lieu lumineux où depuis toujours s’est enracinée sa danse, quelque chose apparaît, par-delà une lucarne située de l’autre côté de la rue. Une ombre la regarde. Qui semble la menacer.
Alors l’envahit la peur, celle de la paralysie, celle du trauma. Ou celle de la folie. Le corps virtuose défaille, le geste se dérègle. Et pire : ses proches n’entendent pas, la renvoient à l’obscur, s’interrogent et sous-estiment l’éventualité d’une présence hostile.
Grand roman de la danse – de Wigman à Carolyn Carlson, de Nijinski à Béjart, de l’Opéra Garnier au Tanztheater Wuppertal de Pina Bausch et jusqu’au Sankai Juku –, ce livre du corps en mouvement, inspiré, exalté ou contraint, est aussi celui de l’inquiétante étrangeté qui saccage la chorégraphie d’une vie, désaxe la trajectoire d’une étoile et la projette dans une tout autre démesure.

Lorsque je vois de la danse, je suis immédiatement projetée dans le corps du danseur, je ressens les élans, l’étirement des fibres musculaires, le vertige des sauts, l’exaltation des pirouettes, l’air cinglant la peau, la peur, l’excitation, l’émotion… C’est depuis cette capacité projective que j’ai écrit le corps dansant d’Else, chercher à donner à voir la danse en train de se faire, que le lecteur soit à l’intérieur tout autant qu’à l’extérieur du corps de la danseuse, qu’ il sente la sueur de l’effort perler, la peur, le trac, l’exultation, l’épuisement extrême, cet état second qui conduit au dépassement absolu de soi...
Katherine Henry

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