mercredi 12 juillet 2017

Le lendemain du monde



Le lendemain du monde



Olivier Cotte et Xavier Coste



En album, quête initiatique, fable spéculative et véritable thriller…







Paru en 1899, Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad décontenança le lectorat. Cette longue nouvelle mettait en scène une Afrique trouble, peuplée des personnages, autant les Blancs que les Noirs, ambigus et peu recommandables. Brûlot anticolonialiste pour les uns, œuvre aux relents de racisme pour les autres, cette fine et étrange étude psychologique est devenue depuis un classique de la littérature anglo-saxonne. Le texte a également inspiré de nombreuses adaptations. Xavier Coste et Olivier Cotte « s’attaquent » à leur tour au délicat travail de retranscription et de modernisation avec Le lendemain du monde.
Situé dans un futur proche alors qu’un virus informatique a rendu impossible l’utilisation de l’électricité, l’album rejoue la trajectoire fluviale de Charles Marlow renommé James Graham Keran à cette occasion. Celui-ci s’embarque à la recherche de la source supposée de la catastrophe qui paralyse la planète : Allan Trickster, le codeur à l’origine du programme criminel. La rumeur raconte que ce dernier vivrait dans une cité perdue au fin fond du Continent noir. Pour atteindre son but, l’ancien soldat, dont la mission est clairement d’éliminer cet individu et ses serveurs, va devoir traverser des territoires anarchiques, tenter de survivre au milieu de populations fanatisées et échapper à des agents concurrents.

Le scénario d’Olivier Cotte met les peurs engendrées par la généralisation des intelligences artificielles au centre du débat.
Entre mini-discussions éthiques et scènes chocs fantasmagoriques, le héros remonte un fleuve aux eaux poisseuses et méphitiques. L’atmosphère pesante du texte original est impeccablement reprise et la traversée n’offre que peu d’espoir à ses habitants.
Pour rendre cette épopée implacable, Xavier Coste sort le grand jeu. Le trait acéré et réaliste passe à un expressionnisme inquiétant dès que la nuit tombe et glisse même dans l’abstraction quand l’esprit capitule, écrasé par des forces inconnues. Le résultat reste d’une parfaite clarté.

Quête initiatique, fable spéculative et véritable thriller d’aventure en même temps, Le lendemain du monde est une réussite et n’a en rien à rougir face aux précédentes relectures du roman de Conrad.
Chronique complète par A. Perraud :

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